LIBREVILLE (plusinfos)-Une vingtaine de personnes interpellées, dont le directeur de cabinet d’Ali Bongo ainsi que son porte-parole, des ministres et autres chefs d’entreprises et d’agences publiques, ont été placées en garde à vue entre fin novembre 2019 et début janvier de l’année en cours. A mis parcours, où en est l’opération scorpion?
“Ne prenons plus de précautions verbales: la corruption est un cancer dont il faut délivrer le Gabon”.
Classer 123e rang sur 180 pays au niveau de perception de la corruption du secteur public, le pays montre peu ou pas de signes d’amélioration dans la lutte contre la corruption.
Régulièrement pointé du doigt dans des affaires de détournement de fonds publics, l’on aurait pensé que Libreville “tentait” là d’ouvrir un nouveau feuilleton politico-judiciaire et “laver son linge sale”. Tant l’aboutissement à l’émergence si chère à Ali Bongo en dépend. Mais à ce qui semble, il y a un “cailloux” au sein de l’appareil judiciaire. En même temps, “le contraire aurait été une surprise”, nous confie le sociologue Karl MIHINDOU.
LE CAS NOEL MBOUMBA renseigne en mieux sur la première faille de l’opération SCORPION!
Il n’aura échappé à personne que, lors de son point de presse, l’ancien ministre, Noël MBOUMBA, reconnaît son implication dans les opérations de détournement d’argent public. Même s’il affirme avoir obéit “aux instructions malveillantes des personnalités en position dominante”. Ses aveux véhiculés dans les réseaux sociaux l’impliquent et engagent sa responsabilité pénale.
Donc, techniquement, l’ancien ministre en déclarant qu’il recevait “les instructions malveillantes des personnes en position dominante” pour détourner l’argent public, reconnaît avoir été à la manœuvre des opérations d’enrichissement illicites, etc.
C’est grave comme révélation de la part d’une personne dépositaire de mission publique.
Pour information, l’article 506 du code pénal gabonais dispose que: “le fait par une personne dépositaire de l’autorité publique de détruire, détourner ou soustraire des fonds publics en raison de ses fonctions, est puni de la peine de vingt ans de réclusion criminelle au plus et de 100.000.000 FCFA d’amende au plus”.
Mais qui était au-dessus de lui et en position dominante? Au point de lui donner des “instructions malveillantes”. Implicitement il accuse ses Chefs hiérarchiques constitutionnels, soit le Premier ministre, son Chef hiérarchique direct, soit le Président de la République, représenté le détenteur suprême du pouvoir exécutif. Peut-être le puissant DC d’Ali Bongo Brice Laccruche Alihanga? Absent du pays pour un long moment, Ali Bongo n’a certainement pas donné d’ordres au natif de Port-gentil.
A la lumière de sa déclaration, il est claire que Noel MBOUMBA reconnait être parti prenante du complot. Mieux, il a plus enfoncer Brice Laccruche Alihanga et les autres sans les citer. “Qu’un responsable de son rang vienne à reconnaître qu’il a agit sous la pression d’un homme qui jouissait d’une position dominante est tout simplement de la lâcheté. Je pense que cette attitude relève d’une personne qui ne veut pas assumer sa responsabilité dans tout ce qui a été fait”, pense l’activiste Alain ENGOUANG.
Au finish, il a bénéficié de la liberté provisoire. Une “rapide” liberté provisoire.
Que dit la loi sur le complot ?
Selon sa rédaction, le complot est considéré comme un crime qui, au terme de sa matérialisation ou commencement d’exécution, entre dans le champ d’incrimination des atteintes à la sûreté intérieure de l’Etat. Dans les faits, le complot a pour objet soit de détruire ou de changer le régime constitutionnel, soit d’inciter les citoyens, ou habitants, à s’armer contre les autres, soit de porter atteinte à l’intégrité du territoire national. A cela vient se greffer, l’emploi illégal de la force. Mais, c’est à la justice de prouver la responsabilité pénale de l’ancien Ministre du pétrole.
Alors que le quotidien L’UNION évoquait le montant de 85 milliards de francs CFA “volatilisés” entre 2017 et 2019 au sein de la Gabon Oil Compagny, une source judiciaire nous précise que “ce sont des centaines de milliards de francs CFA” qui aurait été détourné par “Brice Laccruche ALIHANGA et les ajéviens”. Et comme si cela ne suffisait, un haut cadre et quelques agents d’Orabank sont actuellement en proie à la machine judicaire. Livrés par la banque elle-même, ils sont coupables de manipulation, à hauteur de plusieurs centaines de millions, du compte bancaire d’un client, lui-même louche et en exil pour échapper à l’opération Scorpion. Un ajévien se dit-il. Un certain Marvyn Ondo Ndong Sima.
Ce dernier serait un ancien cadre de la section du Parti démocratique gabonais (PDG) à Pékin et de l’Ajev, actuellement en exil «pour échapper à l’opération Scorpion», écrit notre confrère directinfosgabon.com.
La suite…
Noel MBOUMBA a été mis en liberté anticipée, alors même qu’il n’avait pas été jugé. Pas condamné, selon la loi, elle ne devait pas s’appliquer à lui car étant seulement prévenu. Si comme son nom le dit bien, la liberté conditionnelle s’obtient avec des conditions, la question qu’on peut se poser est: A QUELLES CONDITIONS Noel MBOUMBA a obtenu sa liberté?
Dans tous les cas, il ne pourra pas être en contact avec d’autres ex-détenus avec lesquels il a commis l’infraction qui l’a conduit à la prison centrale de Libreville en attendant son jugement.
La survie de l’économie est en jeu.
De la fraude qui survient aux plus hauts niveaux du gouvernement à la petite corruption qui bloque l’accès aux services publics de base comme les soins de santé et l’éducation, les gabonais en ont assez des dirigeants et des institutions corrompus. Cette frustration alimente un manque croissant de confiance dans le gouvernement et entame davantage la confiance du public dans les dirigeants politiques, les élus et la démocratie. L’état actuel de la corruption au Gabon, témoigne de la nécessité d’une plus grande intégrité politique dans de nombreux pays.
Pour avoir une chance de freiner la corruption, les gouvernements doivent renforcer les freins et contrepoids, limiter l’influence de l’argent en politique et assurer une large contribution à la prise de décisions politiques.
Attendons voir…