LIBREVILLE (Plusinfos)-Le Pr émérite d’économie appliquée, Gabriel Zomo Yebe, enseignant à l’Université Omar Bongo, a animé vendredi, une conférence sous le thème « Enjeux et perspectives du développement durable de Bitam dans la zone des trois frontières Gabon-Cameroun-Guinée Équatoriale » en présence du ministre de l’Agriculture de la Sécurité Alimentaire chargé de la valorisation de la ruralité, Charles Mve Ellah et des ressortissants du département du Ntem.
« Créer une Zone économique spéciale, c’est le devenir d’un pays. Car, elle permet d’attirer les investisseurs étrangers, booster l’économie du pays, réduire le chômage, trouver de l’emploi aux jeunes. De même, c’est un enjeu de développement. Plusieurs pays sont devenus émergents parce qu’ils ont créé des zones économiques spéciales à l’exemple de Singapour, Brésil et biens d’autres », a soutenu l’universitaire Gabriel Zomo Yebe.
Dans un contexte où, les échanges au sein de la communauté économique des États de l’Afrique Centrale, sont faibles, et largement favorable et dominé par le Cameroun, le Gabon pour le conférencier, n’a jusque-là rien débuté et devrait se « mettre au travail et s’approprier le projet ». Il ne manque pas de faire remarquer que « le Cameroun a déjà aménagé une zone où implanter les entreprises. Idem pour la Guinée équatoriale qui a étendu sa zone d’impact jusqu’à Mengomo. »
Projet ambitieux qui vise, pour le Nord du pays, des transformations sociales, sociétales et économiques importantes pouvant impacter l’économie gabonaise dans son ensemble, la présente conférence avait pour but de sensibiliser les uns et les autres (en particulier les bitamois) sur l’impérieuse nécessité d’internaliser ce projet et l’urgence d’une stratégie commune, au-delà des considérations politiques ou claniques, afin de peser sur les négociations futures.
Cette conférence intervient aussi dans le cadre du projet Bitam 60 ans et plus, célébrant le 60ème anniversaire de l’établissement de Bitam en commune de plein exercice. Parrain dudit anniversaire, pour Charles Mve Ella, ministre de l’Agriculture de la Sécurité Alimentaire chargé de la valorisation de la ruralité, le décret étant pris, « il fallait cette conférence pour que les populations qui vont être impactés par ce projet comprennent réellement de quoi il retourne ».
Le membre du gouvernement pense qu’il est donc important de « reconnaitre l’important geste du président de la République en direction non seulement des populations du Woleu Ntem, mais également de tous les gabonais. Car c’est un projet porteur de richesse et un véritable incitateur de croissance. » Avant de conclure que, c’est maintenant aux gabonais en général et en particulier aux bitamois de « se mettre simplement au travail pour matérialiser cette vision du chef de l’Etat ».
Au-delà des atouts (couverture et qualité de l’internet, avantages comparatifs dans le bois, une terre fertile non exploitée et riche avec une population faite d’agriculteurs et capable de s’adapter, le potentiel énergétique, une jeunesse relativement formée), le Conférencier rappelle que, la réussite (côté Gabon) est « suspendue » à la volonté politique du gouvernement et des « élus de la localité » à rivaliser avec le Cameroun et la Guinée Équatoriale. Ensuite, il faut construire des infrastructures.
A ce stade, « 9 défis actuels pour le ZES » sont à relever pour la province du Woleu-Ntem pour Le Pr Gabriel Zomo Yebe. Notamment l’impératif de « définir » la stratégie (qu’allons-nous produire pour rentrer dans les chaines de valeurs mondiales ? Quelles infrastructures réaliser ?) ; la nécessité d’une politique foncière et d’une politique d’aménagement des villes (Bitam, Meyo-kié, et de la zone d’impact (Oyem, Minvoul, Medouneu, Mitzic etc.) pour optimiser l’avantage comparatif de la localité ; Que faire pour que les potentiels IDE s’installent dans la zone ? (Attractivité interne) ; Comment préserver l’environnement des éventuelles externalité négatives (pollution) de l’industrialisation ; Comment rattraper le retard en agriculture ? Comment profiter des effets négatifs du pétrole de la Guinée équatoriale ? Miser sur la qualité des produits bio au lieu de la quantité ; Avoir la main d’œuvre qualifiée, sinon quelle politique de formation préconiser ? Quel positionnement dans la chaine des valeurs locales ? (Bitam comme Dubaï (ville marché) Bitam, ville industrielle ? Implantation du port sec à Bitam ou d’un aéroport international ( à négocier) et enfin, le défi sécuritaire.
« L’avenir de notre sous-région se dessine sous nos yeux. Nous aurons à choisir entre subir l’histoire ou faire notre propre histoire et sortir de la longue nuit selon la belle expression d’Achille Mbembe, le gabonais peut-il devenir enfin le nègre fondamental d’Aimé CESAIRE, le participant au rendez-vous universel du donner et du recevoir de Léopold Sédar SENGHOR, l’Africain réflexif de Fabien EBOUSSI BOULAGA ? », a conclu le conférencier, le Pr émérite d’économie appliquée, Gabriel Zomo Yebe, enseignant à l’Université Omar Bongo.
Charles Mve Ella, le membre du gouvernement a quant à lui, indiqué qu’ « il sera mis en place un bureau de coordination qui réunira toutes les intelligences et volontaires disposées à mener une réflexion. Vont s’en suivre les différents études et enrichissements qui vont être apporté par les uns et les autres, le but étant de produire un document Cadre du développement durable ».